Cultiver l'hydraste

La culture de l'hydraste en sous-bois, un grand projet de culture en forêt à Val-David

L’hydraste est une plante médicinale bien connue des peuples Autochtones et utilisée par les Nord-Américains depuis plusieurs siècles. C’est une plante antiseptique très efficace, grâce entre autres à la berbérine qui lui donne aussi sa couleur jaune ocre et son goût amer. On l’utilise sur les plaies susceptibles de s’infecter et on le prend aux premiers signes d’une maladie infectieuse. C’est super efficace et ça ne débalance pas le microbiote. Ça tache un peu, mais bon, on peut faire avec.

Malheureusement, son efficacité joue contre lui et il est de plus en plus difficile d’obtenir de l’hydraste. Dès la fin du 19e siècle, les médecins éclectiques américains remarquaient que la plante se faisait rare. Plante de sous-bois, sa croissance est lente (au moins 5 ans pour obtenir une racine mature), son environnement est menacé par l’étalement urbain et les grandes colonies américaines ont été décimées suite à des récoltes sauvages. L’hydraste est maintenant sur la liste des plantes CITES (la convention sur le commerce des plantes sauvages menacées), c’est donc dire qu’il faut uniquement consommer l’hydraste cultivée, de préférence sous certification biologique.


Malgré son nom latin de Hydrastis canadensis, l’hydraste n’est pas une plante typiquement canadienne, son territoire indigène se trouve principalement dans le nord-est américain. On peut cependant la cultiver au Québec, même si peu de gens s’y aventurent. Les conditions nécessaires à l’hydraste sont semblables à celles du ginseng et les défis pour le cultiver sont aussi grands. À la Clef nous avons dédié une partie de notre forêt à la culture de l’hydraste en milieu boisé.

Cette année nous avons aménagé une nouvelle parcelle d’un demi-hectare en forêt. A l’automne 2019, nous avons choisi une parcelle inclinée (pour favoriser le drainage et éviter la pourriture des racines), enlevé quelques conifères pour obtenir le bon degré d’ombrage, dessouché sans trop remuer le sol afin de ne pas déstructurer sa vie bactérienne et laissé la terre se reposer pour une année complète. Cet automne, nous avons désherbé la parcelle, aménagé des rigoles de drainage, recouvert d’un épais paillis de bois raméal et de feuilles. Nous avons ensuite procédé à la plantation et avons mis en terre 5800 plantules d’hydraste!

L’an prochain, nous soignerons nos plants aux petits oignons et ferons une surveillance serrée pour s’assurer qu’ils ne sont atteints d’aucune maladie fongique. En 2022, nous diviserons les plus gros plants pour faire de la propagation dans une nouvelle parcelle que nous avons déjà commencé à travailler. Par la suite, nous continuerons à diviser les plus gros plants pour nous assurer d’avoir à chaque année une bonne quantité de plants de 5 ans. C’est un travail de moine et d’amour que de cultiver l’hydraste mais nous adorons déployer autant d’efforts pour préserver cette plante indigène essentielle et en faire profiter tous ceux qui en ont besoin!


Produit ajouté à votre commande